Pierre-Yves Pira
J’anime depuis plus de trois ans un collectif pour un retour en régie publique de l’eau sur la métropole Lilloise. Défendre le retour en régie publique, c’est défendre les citoyens contre la main mise des multinationales de l’eau sur notre quotidien. C’est défendre un bien commun pour lequel le citoyen a son mot à dire. L’eau est un bien vital, ce ne doit pas être un bien marchand.
Déjà, sous la pression des citoyens et des associations, nous avons obtenu que la production et la rénovation du réseau soient gérées en régie publique, à prix coûtant, au nom de l’intérêt général. Il était temps, car nous devons rattraper le retard de la gestion précédente qui avait été confiée à une multinationale qui avait utilisé autrement l’argent qui aurait dû être investi dans la rénovation du réseau. Désormais, sur ces parties, plus aucun centime n’ira ailleurs que dans la gestion de l’eau !
Nous voulons également que l’ancien opérateur rembourse une dette de plusieurs millions d’euros révélée en 1997 par la Chambre régionale des comptes. Cet argent doit retourner au réseau. Nous voulons encore obtenir une régie de la distribution et la garantie que les citoyens et les salariés de l’eau soient associés à cette gestion. Par exemple, par la mise en place d’un Observatoire de l’eau.
Nous demandons également que les premiers litres qui correspondent à la partie vitale soient gratuits. Aujourd’hui, du fait des fuites du réseau, 32 litres par jour par habitant d’une eau chèrement « potabilisée » retournent dans la nature. Nous pourrions tous avoir, dans la dignité, quelques litres gratuits, correspondant à la part vitale, avant de payer l’eau selon un tarif progressif tenant compte de la composition familiale, pour différencier les usages et éviter le gaspillage.
Ainsi, nous garantirions l’accès universel à l’eau comme nous le demande l’ONU. Cela existe déjà ailleurs. La quantité d’eau qui sert à vivre ou à survivre, ne doit pas avoir le même prix que l’eau qui sert à remplir une piscine, par exemple ! Nous préférons cette solution à celle du tout-payant et de son pendant : l’aide sociale. Parce qu’il faut sans arrêt faire la preuve de sa situation précaire, le tout-payant stigmatise ceux qui ne peuvent pas payer et conduit l’argent de l’aide sociale indirectement dans les poches des actionnaires de la multinationale qui distribue l’eau. Prôner la gratuité des premiers m3, c’est défendre une autre vision du social.
En m’engageant sur le Canton de Lambersart avec Europe Ecologie Les Verts et le Front de Gauche, je veux défendre la vision d’un autre monde qui réponde aux enjeux du moment, qu’ils soient écologiques, climatiques, sociaux ou citoyens, au côté des plus démunis. Un monde qui ne se soumet pas aux marchés financiers.
Aujourd’hui des traités de commerce sont en cours de négociation (TAFTA, CETA, TiSA… ). Ceux-ci créeraient une justice parallèle, privée, où les multinationales pourraient attaquer, par exemple, une collectivité qui mettrait du bio dans les assiettes de cantine ou créerait une régie de l’eau, et tout cela au nom de la libre concurrence. Il faut arrêter ça et mettre en avant d’autres valeurs mettant en avant l’intérêt général : retour au local, coopération, mutualisation, sobriété, solidarité, services publics de proximité, gestion collective des biens communs. Pour cela, à l’instar de notre région, nous devons déclarer le département du Nord « zone hors TAFTA » ! Notre volonté est de sortir de ces carcans et de renouveler la démocratie afin d’élaborer avec l’ensemble des citoyens.